The Promised Neverland, la survie au bout du tunnel - MangAnalyse

24/08/2018 00:05

Pour être honnête, je n'avais pas du tout envie de lire The Promised Neverland. Le manga ne m'emballait pas et je trouvais son succès trop beau pour être vrai. J'avais peur d'un énième shonen que l'on aurait oublié aussitôt le prochain sorti. Mais ma curiosité l'a emporté sur ma raison et j'ai finalement décidé d'acheter le premier tome. Et je fus si agréablement surpris que j'en suis aujourd'hui à créer un blog dont cet article est le premier, pour que vous ne ratiez pas ce chef d'oeuvre !

Comment être passé à côté de "The Promised Neverland" ? Véritable succès au Japon depuis 2 ans et depuis Avril en France (quand même recommandé par Eichiro Oda aka le papa de One Piece !), tout semble en faire un grand manga. Au moment où j'écris ceci, 2 tomes sont parus en France, nous sommes à la veille de sortie du 3ème et je n'ai pas lu les scans. Pas de panique cette critique est garantie NO SPOIL.

Pour ceux qui ont fait le choix de vivre dans une grotte depuis Avril à se nourrir de mousse , ou pour ceux qui ne se sont pas laissés avoir par le train de la hype, cet article est pour vous.

Ajoutez une poignée de suspens, une pincée d'action et saupoudrez le tout de mystère. Vous obtiendrez alors The Promised Neverland, un jeune manga jouant déjà dans la cour des grands. (Fan Art by RyotaHazama on DevianArt)

The Promised Neverland (ou Yakusoku no Neverland) est un manga écrit par Kaiu Shirai et dessiné par Posuka Demizu, prépublié depuis Août 2016 dans le magazine Weekly Shonen Jump au Japon et publié chez nous chez Kazé depuis Avril 2018. C'est le premier manga de cet auteur.

Synopsis : The Promise Neverland raconte l'histoire de 38 enfants, se considérant comme frères et sœurs, vivant dans un orphelinat dont ils ont l'interdiction de sortir sous la direction d'Isabella, que tous considèrent comme leur mère . Nous suivons Norman, Ray et Emma, les trois aînés surdoués de l’établissement et amis de toujours. Cette grande famille coule des jours heureux dans cet établissement tant "Maman" est tendre et bienveillante avec eux. Leurs journées se découpent entre tâches ménagères, jeux, et examens particulièrement difficiles, en attendant de se faire adopter.

Cependant tout bascule le jour où Norman, Ray et Emma découvrent un soir la terrible vérité sur le monde extérieur et l'orphelinat. Ils n'ont plus qu'un seul but et une seule chance : s'échapper pour SURVIVRE ! Mais il faut faire vite et avec discernement car tous les enfants ne sont pas prêt à entendre l'effroyable vérité...

The Promised Neverland est un véritable succès au Japon, se classant même devant One Punch Man et Tokyo Ghoul: Re au nombre de vente pour le premier semestre 2018 avec 1,9 million d'exemplaires vendus !!

L'histoire : "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien"

La narration est rapide et très bien écrite. Tout s'enchaine très vite, les 2 camps étant sur le qui-vive et se renvoyant perpétuellement la balle, permettant de nombreux retournements de situations. Mais ces derniers ne sont pas là pour le spectacle puisqu'ils sont logiques, très bien écrits et qu'ils sont bien dosés. Les choses prenant sens pour le lecteur à mesure que la narration avance. On est loin de Game Of Thrones (je ne parle pas du livre que je n'ai jamais lu) qui, même si j'apprécie beaucoup cette série, à tendance a caser des retournements de situation sortis de nul part. Dans ce manga la situation ne revient jamais au point de départ et recule rarement. C'est plutôt un bond sur le côté qui soulève de nouvelles problématiques et de nouveaux objectifs à atteindre. On suit la situation en prenant souvent peur pour nos héros et on tourne les pages une à une sans s'en rendre compte, grâce à une ambiance très sombre mais pleine d'espoir qui nous tient en haleine. Le flou, le chaos et l'ésotérisme qui semblent régner à l'extérieur de l'orphelinat promettent un changement de ton et d'enjeux à mesure des arcs, et annoncent de futurs renouvellement du manga (et moi j'aime ça les renouvellements).

Le pan de scénario que je trouve le plus intéressant est celui sur l'accès et la circulation de l'information. Elle permet de comprendre, d'analyser, de prévoir, mais aussi de duper. Elle est au centre de l'intrigue et dans ce monde dont les enfants ne connaissent rien et où ce qu'ils pensaient savoir s’avérait faux, la quête d'information est primordiale pour s'enfuir, mais aussi dans un second temps pour survivre en terre inconnue. Très vite la question "et après..?" rode dans notre tête et dans celle de Norman, Ray et Emma car plus l'histoire avance, plus on sent que même si les enfants arrivent à fuir, le plus dur restera à venir. Sur ces informations, la narration les délivre au compte goutte de manière assez frustrante.... POUR MIEUX ÊTRE JOUISSIVE lorsqu'elle nous en donne (pour notre plus grand plaisir oui oui), ne délivrant des informations que lorsque les héros les arrachent de force des mains des adultes ou du monde dans lequel ils sont piégés.

La muraille entourant l'orphelinat montre la dificulté à s'évader, mais pose aussi la question de la surive dans un monde dont on ne sait rien

Les personnages : Des pré-ados pourtant bien développés

Malgré des personnages quelques peu classiques comme le trio principal composé des traditionnels : GAFFEUSE MENEUSE, PRODIGE DE 11 PIGES et MYSTÉRIEUX TÉNÉBREUX, ce Shonen coupe avec les stéréotypes du genre. Les héros ne courent pas après la gloire ou la reconnaissance (qui sont souvent les thèmes abordés), mais après leur survie.

Les protagonistes ont tous un fort caractère très développé et différent se complétant bien les uns et les autres. On a donc notre chouchou attitré mais en ayant quand même du respect et de l'admiration pour les autres. Les enfants, dos au mur et le temps jouant contre eux, font face à des adultes tout puissants. Le rapport de force est à leur désavantage et on sent la pression qui pèse sur eux. Malgré tout, ils ne subissent pas l'histoire et sont les acteurs de leur propre destin (pas comme toi Shinji Ikari). Mais jamais (ô grand jamais) ils ne sombrent au désespoir (ô désespoir), ce qui leur donne un sacré charisme. Dans ce monde au futur incertain, une romance semble émerger entre deux personnages, mais sans jamais donner de signes de fan service. Je pense qu'elle va bien servir l'histoire dans le futur.

Côté "méchant" on y découvre plusieurs catégories d'antagonistes (pour ne pas spoiler et pour brouiller les pistes, appelons ceux paraissant contrôler le monde extérieur les "Reptiliens" et ceux dirigeant l'orphelinat les "Saibamen"). Les Reptiliens semblent être les vrais antagonistes de The Promised Neverland de part leur nature, mais aussi de part leur modèle politique mis en place à l'extérieur de l'orphelinat, que l'on croit deviner être une dictature oligarchique (le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes qui forment une classe dominante). On y trouve des couches sociales et des rangs (comme dans Seraph Of The End mais en moins bordélique). Les Saibamens quant à eux sont aussi présentés comme méchants mais leur opposition aux héros n'est pas manichéenne. En effet, ces derniers semblent avoir un passé torturé et l'on comprend aisément leurs choix. Ils sont soumis au "Reptiliens" et exécutent leurs ordres (avec plus ou moins de zèle). Ils poursuivent leurs propres objectifs qui parfois peuvent différer de ceux de leurs patrons. C'est avec les "Saibamen" que nos héros (du moins pour l'instant) combattent et les deux camps semblent toujours avoir un coup d'avance les uns sur les autres. C'est une bataille psychologique très impressionnante et on ne sait honnêtement pas qui en sortira vainqueur.

C'est dans leurs mains, que Norman, Ray et Emma ont le destin de leurs 35 frères et soeurs.. Pourront-ils sauver tout le monde ? La discorde se fait entendre..

Le dessin : Qui peut le plus peut le moins

Le dessin qui peut rebuter de prime abord est absolument génial et offre une belle palette d’expression et d'émotions à nos personnages (mention spéciale à la page 88 du premier tome qui m'a glacée). De plus, il est parfaitement adapté pour dessiner l'immaturité (ou pas) des enfants ainsi que la folie et la froideur des adultes. Il est de plus très cohérent à l'univers et à l'ambiance, proche d'un comte comme Hansel et Gretel. Cette prise de risque dans le dessin porte donc ses fruits et fait plaisir à voir. On a un coup de crayon et un style propre à The Promise Neverland qui, en plus de faire de lui sa marque de fabrique lui offre ses lettres de noblesse. Quant au décor, il ne casse pas 5 pattes à une licorne et est clairement oubliable. Même s'il est constamment présent à l'arrière plan sauf exception de mise en scène, il reste peu étoffé.

The Promised Neverland est pour l'instant le manga qui cette année m'a le plus plu, et m'a de nouveau donné envie de lire des Shonen. Envie que j'avais perdu après quelques récentes déceptions. Malgré un manga peu épais qui m'a laissé une mauvaise première impression, le grand nombre de dialogues et l'envie de retourner quelques pages en arrières pour retrouver les indices de ce que l'on vient de lire, donne une très belle durée de lecture. Certes en dessous d'un DeathNote (tant mieux?) mais laaargement au dessus du Shonen moyen. La fin de chaque tome m'a donné envie d'en voir plus ... mais sans pourtant me laisser sur ma faim. J'ai tout aimé dans ce manga qui m'a procuré une très belle expérience de lecture. A voir si The Promised Neverland saura m'impressionner davantage ou du moins, être constant, car il a mit la barre haute.

Je vous conseille donc vivement de foncer vous procurer ce manga en version papier (pour ceux qui le peuvent), tant la démarche artistique et la qualité de cette œuvre doivent être soutenue pour que plus de manga de ce genre puissent voir le jour.

Grace au succès de la version papier, une adaptation en série animée est en cours de production et arrivera au mois de Janvier 2019. Je la regarderai car j'ai ma carte VIP de FanBoy sur ce manga. Mais pour moi, c'est un œuvre qui se lit car les nuances d'encres servent je pense mieux l'ambiance un peu figée dans le temps du manga, qu'un monde d'animation haut en couleur.

La série prendra une tout autre ampleur courant Janvier 2019 avec la sortie de l'animé, malgré des designs (ci-dessous) un peu trop épurés à mon goût par rapport au manga.

Ceci est mon premier article sur ce blog, sur un manga qui me tenait vraiment à cœur. Je vous remercie d'avoir lu, n'hésitez pas à me laisser vos impressions et à m'insulter en commentaire si vous n'êtes pas d'accord avec moi, à bientôt ! (^_^)